dimanche, octobre 12, 2008

Qui se vante dans les journaux d'écrire les lois?

Une autre loge franc-maçonnique pourrait naître sous peu à Montréal.

La Presse 25 mars 1982 (extraits)

Jacques Benoit

Morts, les franc-maçons?

Alors qu'il y a dix ans ils seraient devenus membres des Chevaliers de Colomb, une trentaine de policiers de la CUM viennent, dit-on dans le milieu maçonnique, d'adhérer à la plus puissante association de francs-maçons du Québec, la Grande loge du Québec.
Lire aussi, attentivement, la pétition récente parue dans "le Devoir" en faveur de la libération du journaliste salvadorien Victor Regalado: y figure, parmi nombre d'autres organismes, deux loges, (ou sections) maçonniques, la loge Montcalm du Grand Orient de France et la loge Liberté de l'Ordre mixte français et international du Droit Humain.
"Nous nous sentons le vent dans les voiles, Nous voulons faire savoir que nous existons. Nous sommes prêts à cela", explique M. André Demets, un spécialiste de la direction de personnel, membre de la loge Montcalm.

(...)

Situation conforme à l'état de fait qui a résulté de la Conquête, c'est, au Québec, la maçonnerie de tradition anglo-saxonne qui a le haut du pavé, la Grande Loge du Québec comptant dans les 10,000 membres, et peut-être même, dit-on, deux fois plus, dont bon nombre de francophones issus principalement du milieu des affaires.

(...)

Mais rien ne dit que ces deux loges, très proches l'une de l'autre bien qu'elles appartiennent à des formations différentes, ne finiront pas par former le noyau d'où pourra sortir, eventuellement une autre grande loge québécoise. "Si le Grand Orient de France existe ici, ce n'est pas pour durer car nous estimons que tôt ou tard il devrait y avoir une obédience (grande loge) du Québec ou du Canada. C'est ce vers quoi nous tendons", expliquait récemment, dans une interview à LA PRESSE, le grand maitre adjoint (vice-président) du Grand Orient, Marcel Samide.

[commentaire antimacon: c'est effectivement ce qui s'est produit en 1992 avec la création du Grand Orient du Canada]

Les deux maçonneries

Différence fondamentale entre les deux grands courants de la franc-maçonnerie: alors que l'anglo-saxonne s'en tient à l'étude de la symbolique maçonnique (qu'on pourrait définir comme la comprehension de l'univers et de la place qu'y tient l'homme) et à l'entraide entre adeptes; la française, ou libérale, entend aussi agir sur la société, en vue, explique Marcel Samide, "d'apporter des améliorations à la condition de l'humanité et des gens". D'où, chaque année, l'obligation pour les loges d'étudier certains grands problèmes sociaux, économiques et concernant la paix (le convent, ou congrès annuel, fait ensuite la synthèse des travaux), d'où, également, l'influence considérable de la maçonnerie sur la societé française. Parce que, signale Marcel Samide, même si elles peuvent ne sembler être au départ que des "voeux pieux", "les idées mûrissent, inévitablement, et qu'elles finisent toujours par se frayer un chemin jusque dans la réalité quotidienne. "On peut agir au niveaux de la chambre des députés, du sénat, des municipalités".

(...)

En France, les ministres francs-maçons sont nombreux

Jamais, aux dires du grand maître adjoint du Grand Orient de France, Marcel Samide., il n'y eut autant de ministres franc-maçons en France qu'aujourd'hui, sinon sous la Troisieme république (1870-1940), où tous l'étaient. Il y en a eu du temps de De Gaulle, de Giscard d'Estaing, mais il n'y en avait pas autant que dans le moment.
Situation qui n'est pas exclusive à la France, Salvador Allende était franc-maçon, comme l'étaient de nombreux présidents des États-Unis: Washington, Madison, Franklin, Jackson, les deux Roosevelt, Wilson, Truman, Johnson, Gerald Ford. En 1975, de même, le Sénat des États-Unis et la Chambre des représentants comptaient, chez leurs élus, la moitié de francs-maçons.
Présente aux plus hauts niveaux de la vie politique française, la franc-maçonnerie a eu et a encore une influence marquée sur la société du pays, au point qu'un de ses ex grands maîtres, Jacques Mitterand, pouvait écrire, en 1975, dans la revue du Grand Orient, "Humanisme": "En raison même de leurs options politiques diverses, ils, (les francs-maçons) préparent ainsi, par textes précis, l'esprit et parfois la lettre même du projet de loi qu'une majorité d'homme de progrès seront susceptibles de voter dans leurs attributions parlementaires".

Un autre ex-grand maitre, Fred Zeller, déclarait en 76 au magazine "Crapouillot": C'est grace aux travaux effectués dans les loges que furent élaborées toutes les grandes lois qui marquèrent l'histoire contemporaine: abolition de l'esclavage dans les colonies, habitations à loyer modéré, statut des fonctionnaires, sécurite sociale, crédit agricole, loi sur la contraception, etc".

Marcel Samide: "L'école laïque française, c'est le fait de la maçonnerie. D'autres législations, sécurité sociale, allocations familiales, planning familial, etc. sont aussi nées, souvent, d'un travail qui a commencé en loge".

Dossier: contrôle de la fonction publique fédérale par la FM

Ce billet remplace deux posts plus anciens qui parlaient du même sujet, soit le rapport de Me Pierre Gagnon sur la présence au sein du service canadien de renseignement sécurité (SCRS) d'un groupe de francs-maçons anglophones hostiles aux francophones; tandis que dans le deuxième article, J-Z Léon Patenaude révèle que les francophones de la fonction publique fédérale ont eux aussi leur loges pour faire contre-poids à la FM anglophone. La preuve est donc irréfutable que la fonction publique fédérale est contrôlée par la FM.

Des francs-maçons francophobes à la tête du Service de sécurité et du renseignement
Presse canadienne

13 juin 1987

Aucun complot contre les Canadiens français n'est sciemment ourdi au sein du Service canadien de sécurité et du renseignement.
Telle est la principale conclusion d'un rapport d'étude, qui identifie toutefois l'existence d'un réseau de francs-maçons au sein de cette organisation gouvernementale.
Ce service de renseignement fédéral a été maintes fois pris à partie pour son apparente incapacité à opérer en langue française et, en avril dernier, 15 de ses officiers canadiens-français ont accusé l'agence de "donner refuge à une féroce opposition au fait français".
Le rapport, dont fait état le quotidien montréalais The Gazette, conclut toutefois: "Nous n'avons découvert aucune conspiration ni conspirateurs".
Cette organisation a été créée en 1984 lorsque le gouvernement a décidé de transformer les services de sécurité de la GRC en agence civile de renseignement. Les services de la GRC avaient été mis à rude épreuve lors de la divulgation de nombreux actes illégaux par certains de ses enquéteurs chargés de la lutte antiterroriste au Québec.
"De par sa tradition et par choix, l'agence est fondamentalement anglophones", admet le rapport. " Le français y est une langue de travail seconde, y est mal maîtrisée et, jusqu'à maintenant, n'y est surtout utilisée que pour les besoins de la traduction (qui n'est pas assez généralisée)".
Le document ajoute qu'il existe un réseau des "old boys" formé de vétérans de la GRC auxquels les Canadiens français s'identifient rarement. "Ils croient donc qu'ils sont systématiquement exclus des meilleurs postes".
Le rapport formule 48 recommandations destinées à améliorer la compréhension du français et du Canada français au sein de cette agence, notamment en offrant des programmes pour améliorer le bilinguisme au sein de ce service et en faisant accéder plus de Canadiens français à des postes supérieurs.
Un chapitre du document précise toutefois: "Au début de notre enquête, nous avons eu la nette impression qu'il existe un réseau de francs-maçons au sein de l'agence, particulièrement aux échelons supérieurs et dans certains services-clefs tel que le service du personnel.»
"Nous n'avons toutefois pas cru nécessaire de poursuivre plus longtemps l'enquéte à ce chapitre ", ajoute le rapport.
La franc-maçonnerie est une organisation d'entraide internationale dont les membres se livrent à des rites secrets et se promettent une aide mutuelle. Cette organisation, tout au long de l'Histoire, a toujours été opposée à l'Eglise catholique et la grande majorité de ses membres sont des protestants anglophones.
Ce rapport, qui contient les conclusions d'une enquéte menée par l'avocat Pierre Gagnon, de Québec, doit être officiellement publié aujourd'hui.


LE DEVOIR 17/6/87
Les francophones dans la Franc-Maçonnerie

LIBRE OPINION

J. Z. LÉON PATENAUDE

L’auteur à été le premier francophone originaire du Québec initié au Grand Orient de France du cours de la période contemporaine. Il fut aussi l'initiateur en 1977 du Grand Orient du Québec, association des francs-maçons du Québec.

Dans un rapport d'une étude indépendante de Me Pierre Gagnon de Québec, sur les relations interpersonnelles au sein du Service canadien de renseignements et de sécurité (SCRS), on conclut que ce service se livre à une discrimination systématique envers les francophones et envers tout autre groupe bien défini et étaye la thèse d'une CIA canadienne infiltrée par la Franc-Maçonnerie anglo-protestante au sein de cet organisme par des anciens de la GRC.

Malgré les nombreuses dénonciations dans les Rapports annuels du Commissaire aux langues officielles dans de nombreux organismes et ministères fédéraux, cette situation constatée aujourd'hui à l'endroit de la SCRS mérite d’être clarifiée.

Ni une église, ni une secte

On connaît les résistances dans la fonction publique fédérale, dans les ministères fédéraux et particulier de la Défense nationale et de la Gendarmerie royale du Canada à l'application de la Loi sur les langues officielles et aux très nombreuses recommandations des commissaires qui se sont succédé.

Puisque le rôle et l'importance de la Franc-Maçonnerie anglo-saxonne est mentionnée, il est temps après tant d'années de luttes au sein de la fonction publique fédérale, de faire le point sur les résultats et percer les résistances solides, comme c'est le cas actuellement de la SCRS, et de la GRC, tel que vu récemment, ainsi que dans d’autres importants ministères fédéraux.

Puisqu’il est question de réseaux de Francs-Maçons et de la Franc-Maçonnerie dans cette triste réalité, le public a le droit de savoir la situation des Francs-Maçons francophones du Québec sur la question culturelle, les problèmes linguistiques et le respect de la Loi sur les langues officielles.

La Franc-Maçonnerie n'est pas une église, ni une secte, ni un parti politique, ni un syndicat, et elle n'est pas homogène. Il existe deux grandes tendances: la Franc-Maçonnerie démocratique libérale et la Franc-Maçonnerie anglo-protestante. Toutes les deux sont universelles.

Depuis 1795, cette réalité historique existe et l’histoire de la Franc-Maçonnerie au Québec témoigne de ce fait des différences culturelles, linguistiques, sociales depuis Mesplet, DuCalvet, Jean-François Xavier Perreault, Louis-Joseph Papineau, , Ludger Duvernay, parmi les Patriotes de 1837, des dirigeants de l’Institut canadien de Montréal (On doit référer à l’ouvrage de Bernard Les Rouges, PUQ, page 272, concernant les relations entre cet organisme et et le Grand Orient de France).Il y a de plus la Loge Émancipation avec Honoré Beaugrand, Godfroy Langlois, la Ligue de l’enseignement, la Loge Force et Courage du Grand Orient de France.

Loyauté et désintéressement

Les deux Francs-Maçonneries ne maintiennent aucun lien entre elles. J’appartiens à la Franc-Maçonnerie libérale représentée au Québec par quatre Obédiences reconnues, ayant plusieurs loges francophones et qui ne sont pas reconnues par l'autre Franc-Maçonnerie.

La Franc-Maçonnerie libérale est une institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive qui à pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. La Franc-Maçonnerie libérale au Québec groupe très majoritairement des francophones d’origine québécoise et canadienne-française.


Pour un Franc-Maçon, c’est la pratique de la loyauté et du désintéressement; il vit dans un milieu social et culturel; il a des racines culturel et sa langue, et il demande protection à la Charte des droits et libertés ainsi que travailler dans sa langue et faire une carrière dans les services publics à tous les niveaux.

La Franc-Maçonnerie libérale est composée d’obédiences qui admettent les femmes et l’égalité des deux sexes dans leurs Temples. C'est pourquoi les maçons francophones du Québec favorisent les demandes et les réclamations des femmes dans la Fonction publique fédérale en particulier, dans l’armée et dans le Services de la GRC.

La Franc-Maçonnerie se compose d’individus venus de tous les horizons, d'origine philosophique et religieuse ou sociale totalement diverses, oeuvrant ainsi au Québec en français, profondément attachés à notre langue, notre culture, ses droits conférés dans la Loi sur les langues officielles, et notre possibilité de gravir tous les échelons dans les services gouvernementaux en travaillant en français.

Pour un Franc-Maçon libéral francophone, il y a de devoirs à accomplir, de sacrifices à consentir, de périls à redouter; la Franc-Maconnerie ne doit pas être un moyen de parvenir...et ceux qui n’en sont pas convaincus ne tardent pas à se retirer. Nous ne cherchons aucun pouvoir, ni politique, ni religieux; nous travaillons pour le progrès de l'humanité dans le respect de la dignité humaine. la justice sociale, la laïcité, le contrôle de la violence et contre tous les totalitarismes. le racisme, l’antisémitisme, et réclament la séparation de de l’État et des églises ainsi que l’école publique non confessionnelle.

La société distincte du Québec

Les Franc-Maçons francophones ne réclament aucun privilège, mais seulement la mise en application de mesures, et cela rapidement au sein du gouvernement fédéral pour permettre l’accession de francophones à des postes de commandes, selon les expériences et compétences, le respect intégral dans les ministères de la Loi des langues officielles.

Les Francs-Maçons francophones québécois tiennent compte des réalités sociologiques, culturelles et politiques de la société distincte du Québec.

Je voudrais rappeler un fait historique pour une meilleure cornpréhension des francophones au sein ce la Fonction Publique fédérale. En 1928, à Ottawa, un groupe de fonctionnaires fédéraux fondaient une société discrète: l’Ordre des commandeurs de Jacques Cartier. Le secrétaire-fondateur était un Canadien français franc-maçon afin de promouvoir et favoriser la venue des Canadiens français dans le gouvernement: le Service civil.

Ayant personnellement joué un rôle durant 13 années (1944-59) au sein de cette franc-maçonnerie catholique et canadienne-française, l’historien Raymond Laliberté a reconnu son rôle, son importance et son influence, principalement dans les milieux gouvernementaux en faveur du français et de la place que les francophones devaient y occuper (Je réfère le lecteur intéressé à l’ouvrage de M. Laliberté sous le titre Une Société secrète: l'Ordre de Jaques Cartier, éditions Hurtibise, HM-1983).

Les Francs-Maçons du Québec ont toujours été séparés selon la culture et la langue. Les luttes se sont atténuées. mais la résistance semble se prolonger dans les milieux fédéraux, ce qu’évoque le Rapport et l’étude du comité. Les Francs-Maçons francophone ne peuvent que se réjouir de toutes les initiatives qui devront être prises afin d'assure le droit linguistique au sein de SCRS, de la GRC et de la Défense nationale, sans minimiser les recommandations des Rapports annuels des commissaires aux langues officielles, de même qu'appuyer, favoriser l’égalité des femmes dans les Forces armées et les Forces de sécurité, incluant les femmes de culture et de langue françaises.